Depuis Le 21 septembre 2011, les travailleurs et la population exploitée de Mayotte se sont mobilisés contre la vie chère, l’exploitation et la répression organisées par l’état colonial français.

Leurs revendications : d’abord le droit de pouvoir se nourrir ; le monopole de la grande distribution française lui permet de pratiquer des prix en moyenne 30% au-dessus de ceux des mêmes produits en métropole ou à la Réunion. L’aliment de base, les cuisses de poulet, est devenu inabordable.

Comme dans la plupart des soulèvements contre l’oppression coloniale (Algérie de la fin des années 40) la mobilisation s’est faite d’abord sur des revendications visant à l’égalité des droits et des conditions de vie avec la métropole. En effet, il faut savoir qu’à Mayotte, 101èmedépartement français depuis mars 2011, le RSA n’existera qu’en janvier 2012 et avec un montant 4 fois moindre qu’en métropole. Les chômeurs ne sont pas indemnisés et le SMIC local n’est que de 85 % du SMIC métropolitain. Le chômage est énorme : 35 000 salariés pour 200 000 habitants. 

Le vote massif des mahorais pour le maintien du rattachement à la France, lors des référendums de 1974 et 1976 s’appuyait sur l’illusion d’un niveau de vie garanti par l’état colonial, bien supérieur à celui du reste des Comores. La révolte de septembre a entraîné une riposte immédiate des forces de répression venues de métropole et de la Réunion. La prise d’assaut des boutiques par la population pour pouvoir survivre – l’agriculture vivrière et la pêche locale ayant été détruites par la mondialisation capitaliste – a été réprimée dans le sang ; un manifestant est mort et un jeune enfant éborgné par un tir de flash-ball.

mAYOTE-2.jpg

 Sous la responsabilité de Marie-Luce PENCHARD, ministre de l’outremer, des négociations ont été entamées avec les directions syndicales locales : CGT, CFDT puis FO et la CGC. Le 9 novembre, ces dernières se déclaraient prêtes à accepter des baisses limitées de prix…jusqu’en mars 2012 !!!  

Sous la pression de la base, le 10 novembre, elles étaient contraintes de refuser et de réclamer la fin du monopole d’importation pour la grande distribution française. Mais, en même temps, elles arrêtaient le mouvement de grèves et de manifestations tandis que, dans les rayons, les marchandises continuaient d’augmenter ! Devant le mécontentement de la population et la colère qui grondait, les directions syndicales locales ont fait semblant d’appeler à une nouvelle manifestation, le 19 décembre, à Mamoudzou où devaient se tenir de nouvelles négociations.

Le 20 décembre, un accord était signé par les directions syndicales locales prétextant de la faible mobilisation (200 manifestants) du 19 décembre. Il faut souligner le rôle particulièrement néfaste de la CFDT-Mayotte et de son secrétaire général BOINALI SAID qui, le jour de la négociation, était à Paris… en « formation syndicale » et qui, devant la faible mobilisation, déclarait : « l’important c’est la négociation » après avoir annoncé… sa candidature à l’élection législative de 2012 !  

L’accord de Mamoudzou, dont s’est félicitée Marie-Luce PENCHARD, ne contient que des baisses limitées et temporaires sur 9 denrées alimentaires mais ne touche pas au monopole de la grande distribution française. Il confie l’étude de ses marges à des « experts » et engage tous les signataires à la fin de la grève. Il ne protège pas contre les sanctions les grévistes du mois d’octobre.

Cet accord constitue une véritable trahison par les directions syndicales locales de la lutte des mahorais. Les travailleurs d'EDM y ont répondu immédiatement en votant la coupure de l’électricité le soir de Noël, malgré l’engagement contraire  du secrétaire général de la CGT-Mayotte.

 mAYOTE-1.jpg

Il sera nécessaire de suivre les développements de la situation à Mayotte dans la prochaine période, cependant il faut souligner que les obstacles sur la route de la victoire des travailleurs mahorais ne sont pas seulement le fait des directions syndicales locales, mais aussi du silence assourdissant des médias tant officiels que « de gauche », y compris de l’extrême gauche, dont la passivité a été très grande.

Il faut par contre souligner la prise de position d’ELIE DOMOTA, au nom du LKP de Guadeloupe, qui dès le 21 octobre appelait les guadeloupéens à la mobilisation dans un texte intitulé « L’état français assassine à Mayotte »

Il est vital pour le peuple Mahorais et pour le développement de la lutte anticoloniale en France, que les organisations du mouvement ouvrier et les associations du mouvement social popularisent leurs luttes et mobilisent, sur cette question, les travailleurs et la jeunesse contre « leur » propre impérialisme.

Pour s’informer sur la situation à Mayotte :    http://www.mayottehebdo.com

                                  http://www.comores-actualites.com

 

Retour à l'accueil