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Il y a trois semaines, Emmanuel, employé à l’usinage des boîtes de vitesses, s’est pendu dans le bâtiment où il travaillait. À la différence de Cédric, qui lui aussi s’était pendu dans l’usine neuf mois plus tôt, il n’a pas laissé de lettre pour expliquer son geste. 

Une lettre dans laquelle Cédric avait écrit : « Merci Renault, merci de ces années de pression, chantage au travail de nuit... Où le droit de grève n’existe pas, ne pas protester sinon gare... ». Mais parce que ce suicide s’est une fois de plus produit sur le lieu de travail, c’est évidemment le travail, son organisation et tout ce qui la détermine qui est forcément mis en cause. 
Et c’est pour refuser la banalisation d’un acte aussi grave, alors que d’autres salariés sont en situation de grande souffrance, que 400 travailleurs, sur les 3 800 que compte cette usine, ont tenu à cesser le travail durant 45 minutes mardi 11 février. Un arrêt de travail d’autant plus important que l’encadrement avait laissé le travail se poursuivre normalement la nuit où le corps avait été retrouvé pendu à une corde, dans le déni complet de la gravité du drame.

Refuser de subir
Aujourd’hui, même l’enquête réalisée à la demande de la direction par le cabinet Technologia suite au suicide d’avril dernier, met en cause « une tension croissante sur le travail en production depuis quelques années », dans un contexte « d’effacement progressif du registre de convivialité collective ». Et son aggravation suite à une signature de l’accord de compétitivité en mars 2013, qui a introduit un « sentiment de déni des luttes sociales des générations passées », avec les 21 jours de congé volés aux salariés en 2 x 8 ou les 17 jours volés à l’équipe de nuit.
Mais fin décembre, dans un « Média » distribué à l’ensemble du personnel, la direction n’avait retenu que le fait que « 67 % des répondants affirment être fier de travailler pour Renault Cléon » ou encore que 51 % des salariés se soient déclarés « plutôt satisfaits ou tout à fait satisfaits de l’organisation et des conditions de travail à Cléon » !
À l’évidence, la direction est incapable d’imaginer toute remise en cause de son organisation du travail, parce qu’il lui faudrait alors abandonner sa course folle à la compétitivité. Pour prévenir d’autres suicides, c’est bien aux travailleurs qu’il va revenir de reconstruire un rapport de forces pour refuser de continuer à subir les choix de la direction, en s’opposant le plus collectivement possible à tout ce qui dégrade de les conditions de travail et démantèle les collectifs de travail.

Correspondant

http://npa2009.org/content/renault-cleon-apres-les-suicides-le-travail-en-question

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