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Un document de la CGT a révélé le projet de PSA de supprimer des milliers d’emplois dans les années à venir, malgré des profits records. Voilà l’aboutissement de plusieurs années d’une crise que patronat et gouvernement ont fait payer plusieurs fois aux salariéEs.

Le document, rendu public jeudi 9 juin par la fédération CGT de la métallurgie, met en évidence la cohérence et la profondeur des projets de restructuration engagés par la direction du groupe automobile PSA. Il détaille les modalités et le calendrier prévoyant la suppression de plusieurs milliers d’emplois, notamment sur les sites d’Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de Sevelnord (Nord) – usine en partenariat entre Fiat et PSA – ainsi que la fermeture du site de Madrid. Prise la main dans le sac ou plutôt le doigt sur la gâchette, la direction s’est immédiatement défendue en expliquant que ce document datait d’avant la crise et n’a guère eu de mal à rassurer un ministre de l’Industrie, Éric Besson, à sa botte. Ces projets datent de plus d’un an, mais la direction, probablement en accord avec le gouvernement, pensait pouvoir attendre le lendemain des élections de 2012 pour mettre en œuvre sa politique de liquidation. D’autant plus que, lorsque le gouvernement Sarkozy avait prêté 3 milliards d’euros au groupe PSA, la direction s’était engagée à ne pas fermer de site de production en France, sans qu’il soit précisé pendant combien d’années.

La fermeture de l’usine d’Aulnay, planifiée pour 2014, signifierait la suppression de 3 500 emplois directs et celle de Sevelnord, prévue pour 2017, en liquiderait 2 800.
Mais à ces suppressions, il faut ajouter les milliers d’emplois indirects qui disparaîtraient dans ces deux régions déjà touchées dramatiquement par le chômage.

Pour les travailleurs des sites concernés, rien de très surprenant cependant. Depuis des mois, voire des années, l’avenir des usines d’Aulnay et de Sevelnord est incertain. Suppression d’équipes, transfert de productions, arrêt des investissements, réduction d’emploi par la liquidation des contrats d’intérimaires et des CDD : autant de signes qui n’attendaient qu’une confirmation officielle, mais ont aussi comme fonction de préparer les travailleurs au pire, d’engendrer le fatalisme. Pourtant aujourd’hui les chaînes tournent encore à plein régime. Et si la direction supprime des postes de travail sur certains sites, c’est pour augmenter toujours plus la productivité des autres usines : travail du week-end à Poissy et passage de 45 à 55 véhicules/heure à Poissy, équipe de nuit à Rennes. Ce que met en œuvre PSA, c’est d’abord une restructuration de son appareil de production entre les usines situées en France. La recette est simple : augmenter la productivité en faisant tourner les machines au maximum (objectif visé : 16 heures par jour sur 235 jours), faire toujours plus pression sur les équipementiers et, si cela ne suffit pas, délocaliser dans les pays où les salaires sont plus bas, les règles sociales plus souples et les contraintes fiscales plus faibles. Cette politique engagée depuis plusieurs années avec la liquidation du site de Melun catalogué comme site de logistique, la fermeture de l’atelier de ferrage de Mulhouse, connaît ainsi une accélération brutale.
Le seul motif de ces fermetures est la recherche de toujours plus de rentabilité, toujours plus de profits. Pourtant PSA n’a jamais vendu autant de voitures ni fait autant de bénéfices qu’en 2010. Le président du directoire du groupe, Philippe Varin, a quasiment multiplié par trois ses rémunérations en 2010, passant à 3, 25 millions d’euros, les autres membres du directoire doublant les leurs.

L’enjeu de ces fermetures est décisif pour l’ensemble de la branche automobile et pour des régions entières, car leur « crise » n’est pas résolue. Pour les patrons et les gouvernements à leur service, la sortie de crise passe par des attaques généralisées contre l’emploi, les salaires et les conditions de travail. Notre plan de résistance est clair : refus de tout licenciement, embauche des intérimaires et CDD, réduction massive du temps de travail sans flexibilité, refus du travail posté, de nuit, de week-end, réduction des cadences, retraite à 60 ans pour tous et 55 ans pour les métiers pénibles, augmentation de 300 euros net pour tous et toutes et pas de salaire en dessous de 1 500 euros net. Il faut dès maintenant commencer à construire la résistance à ces projets catastrophiques. Les salariés de Ford à Bordeaux ont prouvé que l’on pouvait se battre, que par la lutte il était possible de sauver 1 000 emplois, que l’on pouvait gagner. Mais là encore pas question d’attendre 2017, 2014 ou... 2012. C’est le plus rapidement possible qu’il faut engager partout la mobilisation.

Robert Pelletier

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